
Selon le tout dernier rapport « Energy Transition Index (ETI) 2025 » du Forum Économique Mondial, le Gabon se positionne comme un acteur notable de la transition énergétique sur le continent, mais révèle un retard significatif sur la scène internationale. Classé 13ème en Afrique mais seulement 96ème sur 118 pays au niveau mondial, le pays se trouve à un carrefour critique, celui de transformer son potentiel et sa réputation de « poumon vert » en une performance tangible et structurée.
Le classement, élaboré en collaboration avec le cabinet Accenture, dresse un tableau contrasté pour le Gabon. Si cette 13ème place africaine le situe dans le peloton de tête continental, loin derrière le leader nigérian mais devant de nombreuses autres nations, le rang mondial de 96ème agit comme un puissant rappel à la réalité.
Pour comprendre cette dualité, il faut se pencher sur la méthodologie de l’indice. La note globale d’un pays dépend de deux piliers, sa performance actuelle (sécurité, durabilité, équité du système énergétique), qui compte pour 60 %, et sa préparationà la transition future (réglementation, financements, infrastructures, capital humain, innovation), qui pèse 40 %.
Le Gabon bénéficie d’un score de « performance » relativement correct, notamment grâce à son mix énergétique dominé par l’hydroélectricité et sa faible empreinte carbone due à son immense couverture forestière.

Sur l’axe de la « préparation » en revanches le bât blesse. Les données régionales pour l’Afrique subsaharienne, dont le Gabon fait partie, sont sans appel et dessinent une feuille de route des chantiers prioritaires à venir.
Le premier, c’est le capital humain. Avec un score régional désastreux de 21,3 sur 100, ce domaine représente le maillon le plus faible. Sans ingénieurs, techniciens et experts formés aux technologies vertes, le déploiement et la maintenance d’infrastructures modernes restent un vœu pieux.
À cette faiblesse structurelle s’ajoute le défi du financement. Pour ce critère, le score régional est de 26,6/100 et ne cesses de baisser.
Ce tableau des défis est complété par la question matérielle des infrastructures. Le déclin tendanciel de ce pilier avec un score de 39,5/100 est tout aussi préoccupant.

Un réseau électrique vieillissant ou insuffisant ne peut accueillir l’injection massive d’énergies renouvelables intermittentes comme le solaire.
Si le Gabon peut légitimement se satisfaire de son statut de bon élève africain, le rapport du WEF est un avertissement.
Le leadership environnemental doit désormais s’accompagner d’une stratégie agressive de « préparation » à la transition.